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13 août 2011

13 Août : ce qui nous fait perdre la tête

Illusion - VNV Nation

 

J'ai oublié avant-hier de préciser quelque chose, et quelque chose de taille.

Tous les efforts qu'une future vie à deux demande, je les fais pour lui. Lui, c'est Alex, que j'appelle affectueusement le Russe. Attention lecteur ça va être long, je vais te raconter ce qui, en presque trois mois de relation avec l'homme en question, est arrivé à nous décider de vivre ensemble. 

DSC_0008La phrase qui résume le mieux notre histoire c'est "on n'a rien fait comme il faut" (pas dans le sens "on a tout raté" mais plus dans celui "on n'est clairement pas le standard du couple"). Au début je l'appelais Mr.McDo, puisqu'il bossait à celui de la Comédie. Comme c'était rare de voir un homme avec les cheveux longs bosser dans cette boite à friture géante, je l'avais repéré de suite, mais me voyant mal aller lui taper la conversation alors que je n'avais rien de vraisemblablement interessant à lui dire (ce qui n'a toujours pas changé à l'heure actuelle), je restais éloignée autant que possible. Je me rappelle juste d'une fois, où, abrutie par la vodka que j'avais ingéré en grande quantité, je lui ai parlé pendant dix minutes, appuyée sur le comptoir pour masquer mon hébriété. Impossible de me rappeler de quoi, cependant. Bref, entre Alex et moi ça aurait pu ne jamais se faire si le Stalker (pour ceux qui ont suivi mon ancien blog, oui, c'est bien ce Stalker là) n'avait pas interféré dans le cours de nos vies. Il nous a invités tous les deux à aller se murger au Charlie's, et on a passé la soirée dehors à parler de choses qui ne me reviennent pas en mémoire. Deux jours plus tard, le Stalker nous invitait à nouveau au même endroit. Cette fois ci j'avais beaucoup bu.

J'ouvre une petite parenthèse d'importance.
Comme j'ai décidé de raconter les choses sur ce blog non pas seulement pour les autres mais aussi pour moi, j'ai décidé d'être totalement honnête, sans me soucier outre mesure de la réaction des gens à ce qu'ils liront. Si vous avez envie de lire mon journal, vous le lisez, inutile de jouer les gens choqués parce que je ne suis pas sans reproche. Vous ne l'êtes pas non plus. La tromperie, le mensonge, le vol, tout ceci se trouve aussi bien ancré en moi qu'en vous, ça s'appelle la nature humaine. Seulement j'ai décidé de faire action de pénitence en exposant ici la vérité toute nue, même si elle est laide. Ainsi donc, ce préambule menait à la révélation suivante : à l'époque, j'étais en couple. Il s'agit d'une lamentable erreur de jugement de ma part. Il m'avait pris, sûrement plus pour combattre la solitude que par réel intérêt, de m'enticher d'un Nolife. Attention, hein, pas un geek, je suis moi même une geekette. Non, là je parle du gros Nolife qui a dû me voir une huitaine de fois en deux mois et qui, lorsqu'il venait dormir à l'appart', amenait son PC pour jouer à League Of Legend. Oui, on touche le fond. Donc, notre couple battait de l'aile, dans le sens où j'arrivais à oublier que j'étais en couple, et donc tenue à des obligations de fidélité (oui, en principe à partir de cette phrase tu as compris la suite des évènements).

_MG_4734

Pour en revenir au soir fatidique, un peu trop murgée,
je suis sortie du Charlie's pour prendre l'air. Tout tournait,
mais j'avais passé une bonne soirée, j'étais heureuse, comme chaque fois que
je passe un peu de temps avec le Stalker, et je m'entendais vraiment bien avec Alex, ce qui me faisait plaisir.
Mais seule, et assise au pied de la rambarde qui faisait face au bar, je me suis lentement et sinistrement laissé glisser sur la pente délicate du spleen, qui est si facile à descendre lorsqu'on a bu. Je repensais à des choses tristes, à ce qui me rendait la vie difficile. A ce à quoi le Stalker voulait précisément m'éviter de penser en m'invitant à faire un billard avec de la bière en sa compagnie. C'est quelque chose que j'ai toujours adoré chez lui. Il ne me force pas à parler. Si ça ne veut pas sortir, ça ne sort pas. En attendant, me changer les idées est une bonne alternative. Et il réussit toujours.

Bref, j'étais plongée dans mes mornes idées quand j'ai senti que quelqu'un me regardait. Alex était là, juste en face de moi, à peine plus sobre que je ne l'étais, et il a commencé à me parler. Il n'essayait pas de me réconforter avec des paroles inutiles du genre "ça va aller", il n'essayait même pas de comprendre ma situation, ce qui est tout à fait sensé quand on ne s'est vu que deux fois. Il m'a juste dit qu'il ne fallait pas que je m'empêche de pleurer, que même si ça ne faisait pas avancer les choses, ça faisait du bien. Il m'a relevée, et je ne me rappelle plus si c'est moi qui ai mis mes mains sur ses épaules en premier, ou si c'est lui. Mais on s'est rapprochés peu à peu et on a fini par s'embrasser.

Je mentirais si je sortais le couplet sur le coup de foudre et l'amour instantané. Ca, c'était valable avec Death, mon premier amour. Je l'avais aussi rencontré à une soirée, et là par contre, l'embrasser m'avait mis le ventre à l'envers et des papillons dans le cerveau. Mais là, non. J'étais juste heureuse qu'il soit là, qu'on soit là, tout était parfaitement à sa place et j'ai à peine entendu le Stalker nous dire que c'était à nous de payer la consommation, avant de s'en aller, nous laissant à notre activité. 

Puis je me suis détachée d'Alex, qui est allé payer, et titubant un peu, on est allés jusque chez moi. Inutile de vous faire un dessin, évidemment. Mon ancienne colocataire était partie, j'avais l'appartement à moi toute seule, je pouvais faire ce que je voulais, et j'en ai profité. Le lendemain matin, je me suis réveillée tôt. J'ai regardé Alex, endormi contre moi, son bras autour de ma taille, et j'ai repassé dans ma tête l'épisode de la veille. Conclusion : j'avais trompé le NoLife. Le plus stupéfiant dans l'histoire, c'est que je n'éprouvais aucun remord. Aucune culpabilité, pas un ersatz de regret, rien. Et pour que je ne me sente pas coupable d'un truc pareil, c'est vraiment qu'il y avait un sacré problème dans ma relation. 

Je me rappelle m'être assise en tailleur sur le lit, avoir mis "Danphe & the Brain" de Mogwai, et je pianotais sur mon PC en méditant sur la non-culpabilité que m'inspirait cette histoire sans lendemain, quand j'ai entendu derrière moi un "c'est le meilleur réveil de ma vie".

Cette réflexion, basée tant sur la douceur éthérée de la musique que sur l'ambiance de la pièce et de ce qu'on avait vécu la veille, a été cruciale dans ma vision de notre relation. Jusqu'alors je n'avais pas pensé à Alex comme à un potentiel plan cul, encore moins comme un potentiel copain, mais cette réflexion m'a touchée. Surement parce que j'adore Mogwai. 

Il m'a fallu une semaine pour trouver le courage de plaquer le NoLife. Je fais partie des personnes à qui ça arrive très rarement de jeter quelqu'un. Jusqu'ici mes relations s'étaient toujours classées dans deux catégories, les relations avec homme qui me brise le coeur, ou les relations détachées qui ressemblaient plus à du Fuck Friend qu'à de la relation, et où se dire "c'est fini" n'était pas nécessaire. A une exception près, c'était les deux shémas auxquels j'étais habituée. L'exception en question avait très mal pris ma rupture et avait menacé de mettre le feu à ma collection de livres. Autant dire que j'avais peur de la réaction du NoLife. Car quoi qu'il ait pu faire de mal (enfin, quoi qu'il n'ait PAS FAIT, en réalité), je n'avais pas l'intention de le faire souffrir. Et pendant cette semaine ci, Alex et moi nous voyions très souvent. Il m'invitait au cinéma, ou au restaurant, mais toujours avec respect. Ce qui est assez curieux, généralement quand un homme a eu ce qu'il espérait dès le premier soir, c'est rare qu'il fasse ensuite la cour à la fille en question. Il comprenait que je refuse de l'embrasser ou de faire quoi que ce soit d'autre tant que je n'étais pas officiellement séparée du NoLife. Mais nous dormions néanmoins l'un chez l'autre, presque tout le temps chez moi en réalité, jusqu'au soir où il m'a invité à manger chez lui. Ce soir là, j'ai rompu avec le NoLife. Je n'étais décidé qu'à être une amie d'Alex, à ne pas précipiter les choses. J'ai essayé de sauver ma relation avec le Nolife, en lui disant qu'une relation était faite de concessions...et la réponse qu'il m'a faite ("j'ai pas de concessions à faire c'est comme ça ou c'est sans moi") a précipité la fin de notre couple, qui du reste était déjà mort depuis longtemps. 

Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas été soulagée. J'étais indifférente, mais par respect, j'ai encore laissé passer une semaine sans être trop intime avec Alex. Pendant cette semaine là, j'ai prévenu Alex que je ne cherchais pas quelque chose de trop sérieux. Je ne voulais pas souffrir, et le tenir éloigné me paraissait une bonne manière de me préserver. Mais petit à petit, je me suis rendu compte que ça ne servait à rien. Précisément la nuit où, pensant que je dormais, il m'a murmuré "je t'aime" dans sa langue natale en me caressant les cheveux. Je n'ai pas bougé, je n'ai pas ouvert les yeux ni la bouche, mais mon coeur a raté un battement. Et pas par peur ou par choc, mais par plaisir. Même si je ne parle pas le russe, je savais ce qu'il m'avait dit. Ce n'était pas les mots, mais le ton tendre avec lequel il les a prononcés. Ce ton là est universel. Lorsqu'il me l'a redit, en français cette fois, et à une moi bien consciente et réveillée, je n'ai pas pu lui répondre "Je t'aime aussi". Je le lui ai dit quelques jours plus tard, comme on avoue qu'on a cassé un objet de valeur ou qu'on a volé des bonbons. J'étais à la fois heureuse, du seul bonheur qu'a un sentiment dans sa réciprocité, mais également terrorisée par la vitesse avec laquelle c'était arrivé. Car si mes piteuses histoires sentimentales m'ont blessé, elles m'ont aussi appris à différencier la passion du véritable sentiment, et cette fois ci ne ressemblait pas aux autres.

En début Juin, j'ai appris qu'Alex devait aller faire son année suivante à Bordeaux, et que ça ne changerait pas quoi qu'il puisse arriver. D'abord blessée par le fait qu'il n'aie pas jugé bon de m'en parler plus tôt, j'avais décidé de ne pas prendre notre histoire au sérieux afin de ne pas souffrir quand, à la veille de son déménagement à Bordeaux, nous devrions nous séparer. Car je ne pensais pas qu'une relation à distance fonctionne, suite à mes deux échecs chroniques en la matière (Death et Sachar). Mais ça c'était avant la déclaration d'amour dans la langue de Dostoïevski, et malheureusement ma décision de "voir comment ça se passe" s'est vite muée en amour avoué.

J'ai fini par perdre pied, encore une fois. J'ai décidé de m'investir dans cette histoire comme je ne m'étais investie qu'une seule autre fois, un peu moins de cinq ans auparavant. J'avais mis deux ans à me remettre de la rupture, deux années noires et déprimantes, engluées dans les ténèbres d'un coeur mutilé. Mais pourtant voilà que je recommençais, que je mettais ma confiance et mon amour entre les mains d'une autre personne. Parce qu'en dépit de tout, la seule relation où je me sois entièrement donnée corps et âme a été la plus belle relation que j'aie eu jusqu'à présent. Et que même si on a du mal à s'en relever une fois que c'est fini, avec le recul que seules les années prodiguent, je ne revois que les choses merveilleuses vécues ensemble. Et pour Alex, ça vaut la peine. Ca vaut la peine de souffrir lorsqu'il me quittera, ça vaut la peine de tout lui donner, ça vaut la peine, largement.

J'ai décidé que ça valait la peine une nuit qui aurait pu très mal tourner. On avait passé une soirée chez lui avec ses amis, pour son anniversaire. Une fois tout le monde parti, je me suis rendu compte qu'Alex avait un peu trop bu. Quand le Russe boit, il a l'alcool triste, et c'est difficile d'éviter ça. Mais là c'était moi qui étais triste. J'arrivais pas à gérer les problèmes que j'avais, et j'ai eu recours à la facilité, j'ai nommé mon ennemie jurée, la scarification.

Avant qu'on ne me classe dans la catégorie des gothiques dépressives à deux balles qui se taillent pour attirer l'attention, j'aimerais insister sur la manière dont je vois la chose. 

Pendant des années j'ai eu du mal à communiquer, un malaise profond qui m'a fait grandir de manière solitaire. C'est ça qui provoque aussi mes crises de misanthropie et mon recours à des blogs ou des lettres lorsque je veux parler de quelque chose qui m'a fait mal. Et avec les choses que j'ai vécu, je n'ai pas réussi à évacuer la douleur. Elle est restée là, au fond, et a commencé à me pourrir. Alors j'ai cherché à me faire mal physiquement pour purger la douleur en moi. Je ne savais pas encore que ça s'appelait l'automutilation ou la scarification, peu importe le nom que vous lui donnez les deux étant sémantiquement différentes, elles ont aujourd'hui la même signification auprès du commun des mortels. Enfin, cette pratique était une manière pour moi d'évacuer la douleur, de voir la cicatrice physique d'une douleur mentale. J'allais mieux après chaque coupure, et j'allais encore moins bien après chaque crise de taillade. Car les gens s'inquiétaient pour moi, et moi je ne voulais pas leur faire du mal. Les voir souffrir de mon comportement me faisait souffrir, et je recommençais pour purger. Un putain de cercle vicieux. Et là, impossible de me retenir. Quelque chose m'avait fait mal et trop c'était trop, je n'arrivais plus à faire face. C'était aussi la facilité, je l'avoue. Mais seules les personnes qui ont exécuté une pratique longue et régulière de l'acte se rendent compte qu'il s'agit d'une addiction, comme l'alcool ou la drogue. Difficile de s'en séparer. Mais ce qui n'était chez moi que l'accomplissement d'un rituel honteux a été interprété par Alex comme un échec dans sa tentative de me rendre heureuse. Lorsqu'il a vu les marques son visage s'est fermé. Il m'a enfermée dans l'appartement, et mon coeur s'est serré : c'est exactement ce que le Stalker avait fait la nuit précédant notre rupture, je l'avais dit à Alex quelques jours plus tôt. Il m'a forcée à me déshabiller et à se mettre au lit immédiatement, une expression bizarre sur le visage. J'étais pétrifiée, furieuse contre moi même et stupéfaite par la vision d'un homme aux antipodes de ce qu'il avait toujours été. Après que j'aie éteint la lumière, il n'a pas bougé de l'encadrement de la fenêtre sur laquelle il était appuyé, uniquement éclairé par la lune. Même si j'étais passablement mal, j'ai remarqué qu'Alex était vraiment beau quand il était triste. Parce que son expression, c'était la douleur, la tristesse, et du dégout aussi. 

Lorsqu'on se mutile, le plus pénible n'est pas l'acte en lui-même, c'est la culpabilité. Cette culpabilité, on ne la ressent qu'à cause du regard des autres, de ceux qui voient la mutilation comme un acte destructeur et non salvateur. C'est leur regard sur notre pratique qui nous inculque le dégout de ce qu'on fait, et de ce qu'on est. Les gens ont mal pour nous, et on a mal de leur faire du mal. Un cercle vicieux, je te disais, petit lecteur. Et là, ce que je voyais sur le visage d'Alex me donnait envie de revenir en arrière, de tout arrêter pour ne plus jamais voir cette expression sur son visage. Sans même m'en rendre compte, je m'étais levée du lit, glissée derrière lui et avais murmuré un "je te demande pardon" qui ne venait pas de mes cordes vocales mais du plus profond de ce que j'étais. Il s'est retourné, toujours en colère, et m'a reproché d'avoir fait ça, pourquoi, tu n'es pas heureuse avec moi ? Je ne veux que ton bonheur moi, je veux pas que tu fasses ce genre de trucs, pourquoi j'échoue avec les gens que j'aime ? Et merde, pourquoi tu as fait ça ? Et sous mon toit en plus !

Quelques phrases incohérentes. Surprise, je me suis rendu compte à l'écoute de sa voix qu'il pleurait, mais j'étais incapable de dire quand, au cours de son élucubration, les larmes avaient commencé à couler. D'abord éloigné de moi, il m'avait pris dans ses bras en répétant sa litanie et s'accrochait à moi comme un noyé à sa bouée. L'alcool a le don de rendre certains humains plus bestiaux. Ca rend Alex plus humain. C'est l'un des problèmes que je rencontre avec lui. Tout garder pour soi et écouter ce que l'autre vous confie, son mot d'ordre qui ne fait que me frustrer. Rien n'est pire quand vous vous donnez entièrement à une personne, que de se heurter au mur des non-dits que vous oppose votre amant. Je l'avais ramené au lit, où, assis à côté de moi, il écoutait ma vision de l'a.m et que je ne le faisais pas parce que j'étais dégoutée de la vie mais parce que c'est le seul moyen que je connaissais pour évacuer la pression. Et je lui ai juré de ne plus recommencer, sauf cas de force majeure. Ca fait deux mois et demi que je tiens ma promesse. Notre discussion a dévié sur son départ, et alors que je me levais pour prendre quelque chose à boire, il s'est mis à genou et m'a supplié, en pleurant, de le suivre à Bordeaux. Mon coeur s'est serré : l'une des choses que je lui avais dit d'entrée de jeu, c'est que jamais je ne pourrais laisser tomber ma vie pour un homme, à fortiori si je le connaissais depuis peu de temps. Alors je lui ai dit que j'y réfléchirais, mais on savait tous les deux que ça ne risquait pas d'arriver. Mais ce jour là, Alex a définitivement gagné mon coeur. Je considère les larmes comme une honte, rapport à un passé assez sombre. Et voir quelqu'un qui ne cherche pas à cacher ses larmes ou à les réprimer...ça force mon admiration.

 

Dès lors, je vivais chez lui. Un 12m2 avec lui et Hel, le chaton que j'avais recueilli. De temps en temps, je retournais dans mon appartement, pourtant bien plus grand, pour faire des cartons, les visites et nourrir et caliner Neka, qui ne pouvant pas supporter la petite, ne pouvait pas me suivre chez Alex. Puis il est parti au HellFest, et le jour anniversaire de notre relation, Hel est morte dans mes bras. J'ai pleuré, traumatisée par la mort de ce tout petit chaton qu'on avait, à trois, sauvé de la faim des maladies et des puces et tiques dont elle était couverte, et dont j'étais alors persuadée qu'elle était hors de danger. Je ne saurai sûrement jamais ce qui lui est arrivé. Mais elle est morte, et je devais affronter cette épreuve seule. Enfin, pas si seule que ça. Tomi et Rémy étaient là pour m'épauler. Mais je ne pouvais pas me laisser aller à une franche crise de larmes. Et quand j'ai eu Alex au téléphone, au début énervée et triste d'avoir vécu ça seule alors que lui dormait  pour récupérer des concerts de la veille, et n'avait ni lu ses messages ni écouté son répondeur... j'ai entendu quelque chose se casser en lui.

Quand j'étais petite, ma mère me disait que ce n'est pas nous qui avons un chat, c'est le chat qui nous a. Nous sommes leur propriété, et c'est eux qui choisissent qui est l'humain auquel ils sont le plus attachés. Si Neka était MON chat, j'avais rapidement observé que malgré le fait que je l'aie recueilli, il y avait un lien spécial entre Hel et Alex. Donc quand je lui ai annoncé la nouvelle au téléphone, ça a été graduel. D'abord la voix est devenue rauque, puis elle s'est brisée en plein milieu d'une phrase. Et pour finir il pleurait en me demandant pardon de ne pas avoir été là, de ne pas pouvoir me soutenir. Je n'ai pas eu le courage de lui raconter en détail la mort du chaton, et du reste, avait il besoin de le savoir ? 

D'ailleurs il y a bien des choses que j'ai du affronter toute seule, car ainsi est la vie. Aussi entouré que tu sois, tu affronteras toujours les épreuves seul. Même si tu as des amis pour t'épauler, te parler de diverses choses... ils ne sont pas dans ta tête, ta situation les touche, mais ne les concerne pas. C'est toujours une affaire de solitude, la vie.

Depuis que nous sommes ensemble, Alex a été absent bien des fois, mais aussi présent quand il le fallait. Après avoir passé un peu moins d'une semaine chez sa mère, qui est sensationnelle mais un peu négligeante, j'ai du emménager, officiellement, chez lui puisque le bail de mon propre appartement touchait à sa fin. Presque de suite après, il quittait la France pour un road-trop de trois semaines en Angleterre, avec un de ses amis. Pendant ce temps là, je tournais en rond comme un lion en cage. Je faisais des photos, je voyais mes amis, je faisais tout ce que j'avais coutume de faire. Mais le coeur n'y était pas, il manquait un truc. Pourtant, rien n'avait changé par rapport au mois précédent...à part sa présence. Je peux juste pas m'en passer, c'est aussi simple que ça.

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